Le psychédélisme ne s'est pas arrêté dans les années 70, il existe aujourd'hui encore d'excellents groupes psychés qui œuvrent dans l'ombre, ils sont sans doute même de plus en plus nombreux. On recense pas mal de groupes de ce genre dans la "vieille Europe", mais on en trouve un peu partout sur la planète, et pas tous underground, il suffit de penser aux deux premiers albums de Tame Impala qui ont scoré dans les ventes ces dernières années.

Je vous propose de commencer avec cet album:

The Band whose name is a symbol: Master of the Mole Hill (2015)



Un groupe probablement canadien, mais rien n'est sûr, pas plus que l'orthographe de Mole Hill écrit en deux mots sur la pochette arrière de l'album, mais en un seul sur l'insert intérieur. Mais qu'importe, seule compte la musique et là c'est la grande fête, vraiment un superbe album concocté par les six musiciens, du psyché un peu lourd avec quelques moments un peu hard, impossible de ne pas évoquer la filiation avec Hawkwind, de bonnes guitares qui évoluent en improvisant sur des rythmes répétitifs. Très sympa, série limité et petit prix. A écouter en montant le volume...

Black Bombain: Live at Casazul



Un autre album psyche sorti l'année dernière, mais enregistré en 2014. Le trio est accompagné de trois invités, comme c'est indiqué en gros caractères sur la pochette. Un seul morceau partagé sur les deux faces. Il s'agit donc d'une longue "Jam" improvisée réellement passionnante. Le petit texte de la pochette raconte quelques circonstances particulières concernant cet enregistrement. Il a été effectué dans les jardins de Casazul à Barcelos ville Portugaise qui a vu naître le groupe. Cet enregistrement public ne provient pas, comme un live officiel, d'un enregistrement effectué à la table de mixage, c'est un spectateur et ami du groupe, Duarte Ferreira, qui l'a réalisé. Ceci dit la qualité est remarquable. Autre circonstance extraordinaire: le concert s'arrête suite à l'invasion de la scène par un groupe de policiers, l'un d'eux débranchant le câble de guitare d'Isaiah de l'amplificateur!
Le vinyle est noir et orangé en tirage très limité. Comme il n'y a pas d'extrait de cet album sur le tube, voici un lien où on peut l'écouter:

Live at Casazul

Tres bien merci Cush

Ravi que tu sois intéressé, les amateurs de bonnes guitares comme toi devraient apprécier, mais attention souvent les premiers tirages sont limités...

White Manna – Pan (2015)



White Manna est un groupe californien qui enregistre ses albums à san Francisco, celui-ci s’est rôdé au fil des concerts de la tournée européenne. Encore du gros son ici, la musique nous immerge au milieu des eaux autrefois fréquentées par Hawkwind, peu de temps mort, une énergie qui se renouvelle sans cesse, et si le tempo baisse c’est pour mieux nous plonger dans une attente lancinante, lourde et répétitive. Du rock énergisant comme sur le titre « Evil », dont les racines puisent carrément dans la période punk avec une partie vocale qui renvoie au Lou Reed de Rock n’ Roll Animal !

Black Bombain: Live at Casazul commander

Tu ne seras pas déçu, je suppose que tu as écouté le lien, mais avec la chaîne Hi Fi...

oui sur la chaine et ca

Radio Moscow est un groupe paradoxal. Déjà parce que ce n’est pas vraiment un groupe mais le projet personnel de Parker Griggs, guitariste surdoué découvert par Dan Auerbach au milieu des années 2000 alors qu’il n’avait pas 18 ans. Ensuite parce que ce projet est devenu de plus en plus populaire alors que la qualité des disques s’étiolait de plus en plus.

Ainsi, au moment où le groupe est devenu très populaire sur les scènes américaines, ses albums étaient devenus franchement pénibles. Ce paradoxe est lié à la personnalité de Griggs, génie de la six-cordes au jeu hendrixien absolument incapable de se canaliser. Les albums du groupe ont fini par tellement jouer la carte de la surenchère guitaristique que toute idée de chanson a disparu (la simple pensée de l’intro fastidieuse de The Great Escape Of Leslie Magnafuzz nous donne encore un début de migraine). Dans le même temps, les amateurs de guitar-heroes pyrotechniques se régalaient des solos fastidieux et ininterrompus que produisait le groupe.

Un tel équilibre ne pouvait tenir et l’implosion du groupe finit par avoir lieu : en 2012, la section rythmique du groupe s’est barrée avec fracas, lassée de ce leader autiste et dictatorial. Les mecs sont partis former Blues Pills, avec un certain succès populaire (même si leur premier album n’est pas un chef d’oeuvre non plus). Tricard mais combatif, Griggs en a profité pour se ressourcer en écumant le circuit stoner avec un nouvel attelage. Une décision qui lui a permis de retrouver un peu de clairvoyance au moment d’enregistrer son quatrième album.

Magical Dirt marque donc un nouveau départ pour Radio Moscow qui revient à un blues heavy plus orienté sur le riff lourd que sur l’explosion de notes kaléidoscopiques (« Gypsy Fast Woman ») et qui a souvent des allures de hard-rock à l’ancienne (« Rancho Tehamla Airport »). Un disque sainement funky par moments (« Bridges ») qui se permet même des respirations acoustiques (« Sweet Lil Thing », « Stinging ») très plaisantes. Bref, la crise d’adolescence semble terminée et Radio Moscow propose un disque adulte. Qu’on ne se méprenne pas : Griggs envoie toujours des solos spectaculaires, mais ceux-ci viennent au service du morceau et ne représentent plus un aboutissement en soi. A défaut de nous enthousiasmer de façon excessive, cet album fait de Radio Moscow un groupe à nouveau fréquentable, c’est déjà un petit miracle en soi. On continue de garder un oeil sur eux.


http://planetgong.fr/radio-moscow-magical-dirt.html

Un article très intéressant sur un surdoué de la guitare que je ne connaissais pas, un groupe à suivre en tout cas. Merci pour la découverte Bouisseur!

Carlton Melton : Out to Sea (2015)



Encore un groupe californien avec un double album qui plus est. Carlton Melton a besoin de temps pour dérouler sa fièvre psychédélique, ici rien n’est conçu, préparé ou répété, tout se fait au feeling, en une seule prise et la règle est l’improvisation. Les passages torrides, font assez souvent place à des moments aériens propices à la rêverie, la guitare se fait langoureuse sur des nappes de synthé qui invitent au décrochage momentané de la réalité, pour mieux faire frémir et titiller vos sens… Inutile de préciser que l’habitude de jouer ensemble, de bien se connaître et de se respecter permet l’anticipation et une grande unité de ton. La qualité d’écoute entre les musiciens du trio constitue le ciment d’un véritable groupe. Magnifique pochette qui se dévoile entièrement en un certain angle face à la lumière.

The Myrrors ‎– Arena Negra (2015)



The Myrrors est un groupe originaire de Phoenix dans l’Arizona. D’ailleurs on ressent la chaleur lourde et accablante du désert qui s’installe dans la musique. L’écoute est sans cesse stimulée par l’intervention d’instruments inattendus qui enrichissent la progression de la « masse sonore » qui nous est proposée, flûte, sax, clarinette, orgue, scie musicale, violon, violoncelle, percussions… les morceaux sont très travaillés et il est difficile de résister à la fascination qu’exerce sur l’esprit la musique proposée, très vite elle vous emporte et vous extirpe de la réalité, vous emmène au pays des chamans, de « l’herbe du diable et de la petite fumée » . La seconde face est composée d’un seul titre de vingt minutes : The forward path : Emergence/Distant traveller/Permanent Revolution. C’est en fait une suite aux influences assez tribales, très lancinante, avançant en une lente progression à laquelle participent de plus en plus d’instruments qui s’agglomèrent, tandis que le rythme s’accélère. Grand trip garanti.

Oh j'ai li'mpression que ce sujet va me plaire

Tant mieux, c'est une façon de partager sur des groupes souvent moins connus, avec de petits tirages au niveau des sorties d'album, souvent moins de cinq cents... Mais la qualité est là !
Comme ils ne sont pas forcément encore très connus, il y a pas mal d'extraits sur le tube, ce qui permet à chacun de se faire sa propre opinion.

faut le fermer tu veux dire !!!
je prends envie de tout
baah j'déconne , toujours a la pointe Cush

La question devient alors: "Par lequel commencer?"

Nik Turner : Space Fusion Odyssey



Cette foi-ci nous changeons de catégorie et renouons avec les légendes du rock, Nik Turner est en effet le co-fondateur du groupe mythique Hawkwind. Ce n’est pas tout, comme signalé sur le petit sticker qui accompagne l’album : With members of Gong, Brainticket, The Doors, Mahavishnu Orchestra, Amon Düül II & more ! Ouf ! N’en jetez plus ! Déjà la sueur perle à grosses gouttes sur mon front et je sens mon corps devenir fébrile… C’est bien vrai ça ? J’ouvre la pochette, elle se déplie en six parties composant un poster géant, je vérifie le line up: Billy Cobham, Robbie Krieger, John Etheridge, Steve Hillage, Gilli Smith, Joell Vandroogenbroek (Brainticket) John Weinzierl (Amon Düül)… J’arrête là, il y en a pas loin d’une vingtaine qui se relaient aux instruments au fil des morceaux. D’un autre côté, une collection de musiciens prestigieux ne fait pas nécessairement un bon album, alors que faut-il en penser ?
Côté soliste, on s’en doute, c’est particulièrement réussi, on trouve même au milieu de ce « space-rock » des envolées jazzy très réussies, sur « Pulsar » par exemple. Pas mal aussi de synthé et de bidouillages divers qui assurent au projet un aspect psyché-délirant des plus sympathiques. De la flûte aussi , Nik en joue en musicien habile, bref plein de couleurs différentes et variées dans ce melting-pot tout à fait jouissif !







Attention le titre ci-dessus ne figure pas sur le vinyle, mais uniquement sur le CD. Il faut parfois faire des choix draconiens!

Superbe, la pochette fait référence au mythique " In Search Of Space ".

Bien vu discobulle, il n'y a aucun doute à ce sujet, j'ai également son album de 2013 "Space Gypsy" dont la pochette fait clairement référence à "Space ritual", je ferai un petit topo, vite fait, bientôt. Je n'ai pas signalé, mais "Space Fusion Odyssey" est en édition limitée, mais tirage inconnu.

Acid Mothers Temple & The Melting Paraiso U.F.O. - Benzaiten (2015)



Acid mothers Temple et ses extensions périphériques occupent le paysage psychédélique depuis plus de quinze années. Le guitariste Kawabata Makoto est le pivot autour duquel gravite cette nébuleuse venue du pays du Soleil levant. Le groupe est également très prolixe, six albums rien que pour l’année 2015 ! Benzaiten qui occupe la face une revisite les schémas habituels, progression lente, musique cosmique et hypnotique dont le but est de vous faire planer en ménageant l’apogée finale. Du grand art concocté par un maître du genre et réussite parfaite. Les vocaux en japonais ajoutent de l’exotisme et des sonorités inhabituelles qui font tout le charme de ce groupe.

La seconde face pourra surprendre, loin du mur du son habituel, elle nous plonge plutôt dans l’expérimental, à la frontière de la musique contemporaine, musique improvisée, jeux autour des silences, des textures, des espaces, quiétude et béatitude…

Le deuxième album est à nouveau concentré autour de Benzaiten, divinité japonaise et nom de l’œuvre composée en 1974 par Osamu Kitajima. C’est une constante pour le groupe de s’appuyer sur des œuvres anciennes pour les contourner, parfois avec humour, les plus grands y sont passés… un champ de découvertes pour ceux qui ne connaissent pas.

Hills : Frid (2015)



Hills est un groupe Suédois de Göteborg qui sort avec « Frid » son troisième album studio. Le premier tirage est épuisé et le second sorti mi-décembre est indisponible sur le site du groupe, mais on peut encore le trouver assez facilement.
On le sait, il y a beaucoup de très bons groupes psyches, le genre est même parfois uniforme, chaque groupe s’employant à se distinguer des autres d’une façon ou d’une autre, couleur sonore, choix des instruments, métissages variés des influences. Et puis, sorti de nulle part, une perle sonore, un petit bijou parfait où tout est équilibré sort tout à coup, le temps de faire son chemin grace au bouche à oreille…

« National drone » par exemple avec son sitar, ses chants chamaniques, les guitares wah-wah obsédantes, ou bien « Anukthal Is Here » avec sa lente montée en puissance, ses voix oubliées d’un Orient mythique et rêvé… On peut également tout aussi bien se retrouver dans un ambiance médiévale où temps et espace jouent, se confondent et se mélangent.
L’album a donc la valeur d’une expérience (hallucinogène ?), à ne pas rater.

The Temples: Venus de Kettering, bled des Midlands, ces 4 jeunes anglais: James Bagshaw (chant, guitare), Thomas Warmsley (basse, chœur), Sam Toms (batterie) et Adam Smith (claviers, guitare, choeur) ressuscitent le psychédélisme avec brio.

Leur premier single donne le ton, la musique mais aussi le clip




Le grand format qui viendra après "sun structure" est de la même verve.






On attends avec impatience le 2ème opus

Bien vu Sudiste pour ce groupe qui renvoie au Floyd de Syd Barrett, très sympa !
Bon, tu files une taffe ?

euh de quoi ?

Wep, superbe dixe qui est sorti en double ou en simple alboume, mais pas plus de chanson sur le double

C'est kkun qui m'a fait découvrir et un moment que je l'ai, superbe album psyché

Puis-je aussi citer Jacco Gardner, ce hollandais à l'inspiration psyché?
Cabinet of Curiosities est le premier album du multi-instrumentiste hollandais Jacco Gardner. Cet album est paru le 11 février 2013 sur le label américain Trouble In Mind Records. Jacco Gardner y joue de tous les instruments, excepté la batterie tenue par Jos van Tol. Le pré-mastering de l'album a été réalisé par Jan Audier, qui a travaillé avec de nombreux groupes néerlandais des années 1960 tels que The Motions ou Golden Earring. (Wiki)